La CEDEAO et la nébuleuse question du troisième mandat

Article : La CEDEAO et la nébuleuse question du troisième mandat
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20 juin 2022

La CEDEAO et la nébuleuse question du troisième mandat

Crédit : Wikimedia Commons

L’Afrique occidentale, particulièrement francophone, s’est faite remarquer depuis des décennies par des instabilités sociales et économiques, politiques et institutionnelles, etc.
Mauvaises gouvernances, crises post-électorales, modifications des constitutions à des fins électoralistes, coups d’États, sont entre autres les causes de ces situations d’instabilité dans cette région d’Afrique.


La CEDEAO – Communauté Économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, organisation sous-régionale à vocation économique et politique, ne peut rester immaculée et demeure comptable des dérèglements politiques que connaît cette zone du continent.

Des problèmes majeurs de réformes politiques de gouvernance au niveau de la CEDEAO

Malgré l’existence de quelques textes concernant la gouvernance, l’état de droit et système démocratique dans ses pays membres, la CEDEAO peine à jouer pleinement son rôle.
L’une des causes liées aux instabilités politiques et institutionnelles en Afrique de l’Ouest est justement le manque de règles fortes à même d’encadrer la CEDEAO et ses missions.
En plus des insuffisances et carences dans ses textes, l’organisation n’est pas en mesure de faire appliquer ses propres règles en son sein.

Question d’un internaute qui veut savoir si la CEDEAO respecte réellement ses propres textes

Il y a un réel problème lorsque qu’un président de la république sortant tripatouille la Constitution, au mépris des règles démocratiques et des attentes des populations pour s’octroyer un troisième mandat, si aucun texte ne peut l’en empêcher.
L’organisation sous-régionale manque cruellement de textes solides, capables de promouvoir la bonne gouvernance tant prisée par les citoyens, et d’empêcher les coups d’État constitutionnels et les mandats indéfinis.

Un soutien aveugle des chefs d’Etats entre eux et une crise de confiance des peuples ouest-africains à leur égard

Les chefs d’Etats de la CEDEAO tombent le plus souvent dans leurs propres pièges quand il faut communiquer après le renversement d’un pouvoir dans la région, occasionné par par la frustration des populations concernant la gouvenance ou un dessein électoraliste de changement de constitution par l’un d’eux.
D’aucuns pensent qu’ils se protègent et se soutiennent entre eux, en cas de problèmes, et peu importe lequel.
Dans la rue et sur les réseaux sociaux, la CEDEAO se fait appelée ironiquement par deux noms: « le syndicat des chefs d’Etats » ou « le grin des chefs d’États ». On pense que les chefs d’Etats sont présents dans l’organisation uniquement pour se soutenir, au lieu de se conseiller.

Post ironique d’un site d’interformation sénégalais sur la CEDEAO

La plupart des changements anticonstitutionnels est causée par la quête du troisième mandat des présidents en fin de mandat, suivi des manifestations des populations mécontentes par le bilan, et qui finissent généralement par le renversement du pouvoir par un coup d’État militaire.
Les renversements des pouvoirs sont le plus souvent consécutifs des manifestations populaires causées par l’envie de confiscation du pouvoir par un régime en place. S’en suivront, ensuite, les condamnations des autres présidents, pendant que les causes clairement identifiées ne sont jamais prises en compte, pour justement éviter les coups d’États.

Des reformes en vue au sein de la CEDEAO contre les troisièmes mandats ?

Les frustrations et mécontentements se font sentir au niveau des populations, qui pointent du doigt le laxisme à bon escient des chefs d’Etats de la CEDEAO à prendre des reformes nécessaires pour éviter, justement, les mandats indéfinis des présidents, une fois au pouvoir.

C’est un sentiment visblement partagé par plusieurs chefs d’Etats qui s’envoient la balle sur la question.

Dans un entretien accordé aux médias ouest-africain, le 12 juin 2022, à Niamey, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a reconnu les incohérences de la CEDEAO sur la question des trois mandats et les modifications des constitutions à des fins électoralistes. « Nous sommes contre les troisièmes mandats. Et nous sommes en train de changer le protocole de la CEDEAO relatif à la démocratie et à la bonne gouvernance et aux élections pour que nous prévoyons des dispositions pour empêcher d’envisager des mandats supplémentaires indus comme des entreprise de subventions sur les institutions, exactement comme un coup d’Etat », s’est exprimé le chef d’Etat du Niger.

Cette déclaration du Président du Niger est-elle rassurante pour enfin faire bouger les choses du côté de la CEDEAO ?

L’avenir nous le dira, sûrement.

Salihou MAIGA

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